Maria JALMA (4LS1)
figure parmi les 5 lauréats des championnats d'orthographe, catégorie Juniors
(de 14 à 18 ans inclus).
Quatre-vingt-deux candidats ont participé à cette épreuve. Elle est la plus jeune des 5 lauréats.
TEXTE DE LA DICTÉE
Tristes dimanches
Depuis la
plus lointaine grisaille de mon enfance, j’ai haï le dimanche. Était-ce
d’observer livrés à leur ennui les surveillants dont m’indignait le
désœuvrement paresseux ? De me trouver parmi les enfants dont me
désespéraient l’agressivité et l’accablement ? De détester les parents
distraits et pressés dont me peinait la hâte d’écourter la visite hebdomadaire
à un garçon sale, violent et boutonneux ? Aujourd’hui, je sais que cette
dernière hypothèse est la bonne. Ces parents-là ne ressemblaient en rien à ceux
qu’orphelin je m’étais inventés et qu’ils saccageaient à chacun de leurs
départs précipités.
Dans ce
qui s’appelait alors une « maison de redressement » on aurait pu
imaginer que le dimanche accorde un peu d’espace à la rêverie et de liberté à
la fantaisie des enfants. Il n’en était rien. Livrés à nous-mêmes, nous
continuions de nous déchirer en deux clans : les agresseurs et les
réfugiés, les prédateurs et le gibier. Les premiers rôdaient dans la cour, sous
le préau, dans les couloirs. Les seconds se dissimulaient dans les cages
d’escalier, dans les W.-C. ou dans les vestiaires. Les surveillants fumaient
leurs cigarettes en se désintéressant du champ de bataille dont ils avaient la
garde. Eux non plus ne devaient pas aimer les dimanches.
Jean Jauniaux, L’année dernière à Saint-Idesbald.
Avant-Propos, 2013, pp. 9-10.