HISTORIQUE DE L'ACADEMIE ROYALE DES BEAUX ARTS DE BRUXELLES

Ils ont été professeurs ou étudiants à l'Académie...


François-Joseph NAVEZ
(1787 - 1869)


Vincent VAN GOGH
(1853 - 1890)


James ENSOR
(1860 - 1949)


Victor HORTA
(1861 - 1947)


Paul DELVAUX
(1897 - 1994)


René MAGRITTE
(1898 - 1967)


Édgard P. JACOBS
(1904 - 1987)

et bien d'autres encore...

Historique de l'Enseignement Secondaire de l'Académie

En 1970, la section préparatoire d'architecture, héritière de "cours d'éléments de l'architecture" ou de la section élémentaire de l'architecture, était condamnée à disparaître si elle ne se restructurait pas en une section d'humanités secondaires octroyant un diplôme donnant directement accès à l'enseignement supérieur. Une structure nouvelle et originale, élaborée par les professeurs de l'ancienne section préparatoire fut acceptée par les autorités subsidiantes et en 1971 naquirent les humanités artistiques scientifiques de l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles.

A la demande de certains professeurs, de nombreux parents et de leurs enfants, les professeurs élaborèrent une autre grille-horaire comportant moins de mathématiques et un peu plus de cours artistiques d'ateliers pour créer la section d'humanités artistiques qui remplacerait en partie les anciennes sections d'éléments du dessin et de la sculpture.

En 1983, le ministère ne voulant plus subsidier la section "fusain", héritière directe des anciennes sections d'éléments du dessin et de la sculpture (ou enseignement élémentaire et moyen du dessin et de la sculpture), imposa à l'école de transformer la structure de son enseignement d'humanités pour y intégrer une nouvelle section qui remplacerait la section "fusain". Les professeurs élaborèrent une fois de plus une grille-horaire dans le cadre de l'enseignement rénové obligatoire, et ainsi naquit en septembre 1983 la section des humanités artistiques de qualification de l'Académie royale des Beaux-Arts. Par la même occasion, les sections créées en 1971 et 1974 durent se transformer en enseignement rénové et s'appelèrent dès ce moment humanités artistiques de transition.

En septembre 1987 le pouvoir organisateur créa par l'intermédiaire de son inspecteur et des professeurs du secondaire une section "Danse" dans la structure des humanités artistiques de transition.

Historique de l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles

L'histoire d'une académie, c'est peut-être, avant tout, l'histoire d'une passion, celle de la pratique de l'art et de la création. C'est aussi, parfois, une forme d'amour-haine entre sensibilités diverses, entre esthétique liée à la tradition et les audaces des avant-gardes. Le dépouillement des pièces d'archives nous révèle que l'enseignement académique ne se réduit, certes pas, au cliché qu'a trop longtemps diffusé une certaine vision de l'histoire de l'art, qui ne retenait que les sujets imposés, les plâtres antiques, ou encore les règles d'ateliers ressenties comme autant d'étouffoirs. Au-delà du clivage entre tradition et avant-garde, une académie demeure avant tout, par l'ambiance de ses ateliers, le lieu privilégié d'une prise de conscience : celle de l'affinité secrète rapprochant de jeunes artistes. Au nombre des professeurs et anciens étudiants de l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, citons les sensibilités aussi diverses que François-Joseph NAVEZ, Jean PORTAELS, James ENSOR, Henri EVENEPOEL, Paul DELVAUX, René MAGRITTE, Édgard TYTGAT, Guillaume VOGELS, Hippolyte BOULENGER, Jean BRUSSELMANS, Anto CARTE, CRETEN-GEORGE, Charles DE GROUX, Louis DUBOIS, Eugène LAERMANS, Jean MILO, Théodore BARON, Victor HORTA, Alfred BASTIEN, Jean-Jacques GAILLIARD, Thèophile VAN RYSSELBERGHE, Ferdinand SCHIRREN, Pierre PAULUS, Fernand KHNOPFF, Auguste OLEFFE, Édgard P. JACOBS. Citons encore les pionniers de l'art abstrait en Belgique : Victor SERVRANCKX, Georges VANTONGERLOO, Pierre-Louis FLOUQUET, Marcel-Louis BAUGNIET, ou encore Jules SCHMALZIGAUG, le seul représentant du Futurisme dans nos régions. Instituée le 30 septembre 1711, peu après la reconstruction de la Grand-Place ravagée par les bombardements des armées de Louis XIV, l'Académie de Bruxelles trouve son origine dans la chambre de l'hôtel de ville que le Magistrat de Bruxelles accorde aux doyens des peintres, des sculpteurs, des tapissiers et autres amateurs " pour y exercer l'art du dessin ". Conformément au modèle de l'ACCADEMIA DEL DESIGNO à Florence, la pratique du dessin va constituer, tout d'abord, l'essentiel de sa pédagogie.

Un mémoire rédigé en 1762, par le Magistrat, nous apprend que durant les premières années " les plus habiles se faisaient aisément écouter des moins expérimentés, ils contribuaient, au reste, entre eux pour les frais de modèle et autres petites nécessités relatives à leur école ". C'est en cette même année 1762, que Charles de Lorraine interviendra à la suite d'une crise survenue dans l'école, orientant la réorganisation de l'établissement et infléchissant les conceptions esthétiques de l'Académie. Désireux de substituer son influence personnelle à celle de la ville, le Duc accordera en 1763, sa haute protection à l'Académie de Bruxelles, après avoir mis l'accent sur l'importance de l'étude de l'architecture civile. En 1768, une importante souscription " sera organisée afin de doter l'école des fonds nécessaires au " soutien de l'Académie de Peinture, Sculpture et Architecture ". Aussi en créant les structures et les moyens nécessaires au développement de l'Académie, la réforme de Charles de Lorraine aura été bénéfique à l'enseignement des arts plastiques. Après l'action stimulante du gouvernement autrichien, l'Académie connaîtra une période de léthargie, voire même de décadence sous l'occupation française et le royaume des Pays-Bas. Il faudra attendre 1830 pour assister à une véritable renaissance des arts dans l'école. Afin d'y contribuer, Navez (élève de David et héritier de la tradition néo-classique dans nos régions) est appelé aux fonctions de directeur. Il s'attachera à donner une impulsion nouvelle à l'étude de la sculpture, jetant ainsi la base d'une école qui sera considérée comme l'une des plus prestigieuses à la fin du XIXè siècle. L'Académie comptera au nombre de ses sculpteurs : Eugène SIMONIS, Julien DILLENS, Victor ROUSSEAU, Constantin MEUNIER, Georges MINNE, Léopold WIENER, Godefroid DEVREESE, Charles VAN DER STAPPEN, Philippe WOLFERS, Rik WOUTERS et beaucoup plus proches de nous, Jacques MOESCHAL, Rik POOT, Harry ELSTROM. La réorganisation de l'enseignement de Navez sera assortie, en 1835, de l'octroi à l'Académie de Bruxelles, du titre de « royale ». En 1849, la ville organisera, en exécution du règlement de 1836, une classe de peinture. En effet, jusqu'à cette date, l'école ne possédait pas de " classe spéciale de peinture ", les élèves complétant leur instruction dans les ateliers privés des peintres les plus réputés du temps. Un an auparavant, en 1848, l 'École Royale de Gravure avait été réunie à l'Académie ; les professeurs Calamatta, Brown et Lauters développeront l'enseignement de cet art. De 1860 à 1 862, après la démission de Navez, ]'Académie va connaître de nouveaux projets de restructuration.Les dispositions du nouveau programme mettront en évidence l'intérêt de l'école pour les préoccupations naissantes d'esthétique industrielle, et ce, sous l'influence de la grande Exposition qui s'était tenue à Londres en 1851. L 'Académie stimulera aussi le développement des arts libéraux. Ainsi, à propos de l'enseignement de la peinture, le programme insiste sur le respect de l'expression personnelle, préconisant les " mesures les plus larges " afin d 'éviter les " dangers d'une école de peinture officielle ". Prescriptions qui attestent de la méfiance des autorités à l'égard des travers de l'académisme... Cette prise en considération d'une individualité autonome s'apparente aux conceptions pédagogiques développées par Portaels dans son atelier-libre de la rue de l'Abricot. En effet, tout en insistant sur les classiques, le gendre de Navez appliquait un enseignement qui respectait la liberté d'expression de ses élèves. Devenu professeur, et ensuite directeur de l'Académie (en 1878), Portaels ne manquera pas de promouvoir cette pédagogie des arts plastiques, préfigurant à Bruxelles, l'attitude d'un Gustave Moreau à l'École des Beaux-Arts de Paris. James Ensor, qui réagira fortement contre l'enseignement de ses maîtres, soulignera cependant la liberté de vues de Portaels.

Toutefois, l'institution elle-même n'est pas exempte de remises en question. Ainsi, l'enseignement de la peinture en académie suscitera des réticences ; à diverses reprises on envisagera d'en supprimer les " classes " invoquant le modèle qu'offrait depuis 1816, l 'école des -Beaux-Arts de Paris qui admettait, à côté des ateliers officiels, des ateliers libres, où les élèves choisissaient les maîtres en fonction de leurs affinités artistiques. L'Académie de Bruxelles devra une part de sa réputation au XIXe siècle, à l'intérêt manifesté par les édiles de la ville et en particulier Charles Buls, pour les questions de pédagogie des arts plastiques. Charles Buls, concerné par les thèses esthétiques de Ruskin et de W. Morris (qui réagissaient contre la banalisation et la médiocrité des produits industriels), jettera les bases d'une " École des Arts décoratifs " adjointe à l'Académie ( et qui s'ouvrira en 1886). Cette volonté de créer à Bruxelles une " École des arts décoratifs s'inscrit dans la mouvance des idées défendues par la revue l'Art Moderne d'Octave Maus et rejoint les théories d' " Art social " du juriste Edmond Picard. Autre mesure révélatrice des tendances novatrices de Buls, le conseil académique, en sa séance du 5 janvier 1889, autorise les jeunes filles à fréquenter les cours ; toutefois, certains " esprits très réfléchis " au nombre desquels nous relèverons le directeur, Portaels, redouteront " les inconvénients qui peuvent résulter de la présence de la femme dans le même local que les jeunes gens, pour l'éducation artistique de ceux-ci ". Le procès-verbal du Conseil Académique nous apprend, qu'en 1894, Portaels a soulevé le " problème que pose l'accès des femmes aux cours supérieurs ", soulignant que " ces dernières qui peuvent obtenir de bons résultats dans l'art décoratif ne sont pas, c'est acquis, faites pour se distinguer dans la grande peinture ". A la fin du siècle, le sculpteur van der Stappen, devenu directeur, va contribuer à encourager des formes pédagogiques nouvelles, il va privilégier la photographie dans ses rapports avec l'enseignement des arts plastiques. Songeons qu'à l'époque on s'interrogeait sur les interactions possibles entre l'art et la photographie. Van der Stappen favorisera les approches littéraires, offrant une tribune à Verhaeren, Lemonnier, Eeckhoudt. Cette démarche, inspirée par l'exemple du Groupe des XX, visait à multiplier les échanges entre diverses expressions artistiques. A propos de ces relations entre littérature et beaux-arts, soulignons la part que prendra l'Académie de Bruxelles dans le courant Idéaliste et Symboliste ; au nombre de ses professeurs et étudiants, nous retrouvons : Jean DELVILLE, Emile FABRY, Fernand KHNOPFF, Xavier MELLERY, Albert CIAMBERLANI, Léon FREDERIC, Constant MONTALD (qui formera entre autres élèves Paul DELVAUX). Il convient aussi de relever le caractère " international " de l'Académie de Bruxelles, fréquentée par de jeunes artistes issus d'horizons divers. Mentionnons le symboliste hollandais Toorop, l'espagnol de Regoyos, le surréaliste français André Masson, l'exilé russe Nicolas de Staël. Et l'on se surprend à rêver devant la page de l'austère registre d'inscription des cours du soir qui, très laconiquement, mentionne en une froideur toute administrative, à la date du 15 novembre 1880, Vincent Van Gogh et immédiatement sous ce nom " Théophile Van Rijsselberghe " ...

Texte de Georges Mayer (tous droits réservés)
Historien de l'art - Professeur d'Histoire de l'Art à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles - Enseignement Supérieur Artistique


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